Un chiffre brut : 1,2 million de Belges vivent aujourd’hui avec une arthrose diagnostiquée, bien loin des projecteurs et des débats de société. Pourtant, pour tous ces citoyens, la maladie ne s’arrête pas quand la journée de travail commence. L’arthrose s’invite dans la routine, s’incruste dans les articulations, et impose souvent une équation impossible entre douleurs chroniques et exigences professionnelles.
En Belgique, l’arthrose ne figure presque jamais parmi les maladies professionnelles officiellement reconnues. Seuls quelques métiers très spécifiques dérogent à cette règle, souvent à la faveur de gestes répétitifs ou de conditions de travail éprouvantes. La voie vers une reconnaissance comme affection invalidante reste donc escarpée, balisée par des critères rigoureux. L’impact quotidien, lui, ne faiblit pas : gêne persistante, mobilité réduite, fatigue, autant d’entraves qui s’invitent dans la vie professionnelle et personnelle.
Les démarches pour obtenir une indemnisation varient selon la nature du contrat, le secteur d’emploi et la gravité des limitations. Ce parcours administratif, semé d’embûches, décourage parfois même les plus motivés. Entre dossiers incomplets, délais interminables et refus standardisés, l’accès aux droits sociaux et à une prise en charge adaptée relève souvent du parcours du combattant.
L’arthrose en Belgique : une réalité qui impacte la vie professionnelle
L’arthrose n’est pas qu’une statistique médicale. Elle bouleverse le quotidien de milliers d’actifs en Belgique. Douleurs articulaires, raideur, perte de mobilité : ces symptômes n’entravent pas seulement, ils transforment la manière de vivre chaque journée de travail. Parfois, l’arthrose force à inventer de nouvelles routines, à reconnaître de nouveaux seuils, ou à envisager une carrière radicalement différente. Les gestes ralentissent, la fatigue s’impose, les journées d’absence s’accumulent, et parfois il faut s’adapter, négocier, voire envisager d’abandonner un métier que l’on aime.
La qualité de vie professionnelle dépend fortement du stade de la maladie. Si l’atteinte progresse, le spectre d’une inaptitude partielle ou totale devient plus concret. Il n’est pas rare qu’un ouvrier, un infirmier ou un chauffeur envisage à contrecœur une reconversion ou des adaptations majeures. L’arthrose ne prévient pas, elle s’attaque là où le corps est sollicité : mains, genoux, dos.
Aborder sa maladie avec son employeur reste une décision personnelle. Se taire, c’est protéger sa vie privée, mais risquer de passer à côté d’un aménagement. Toute reconnaissance du handicap ou de l’invalidité repose sur une évaluation pointue, à la fois médicale et administrative, portée sur la capacité à exercer son métier. Parfois, une reconnaissance officielle s’ouvre, assortie de droits spécifiques. Voici ce qu’elle peut apporter :
- aménagements personnalisés du poste,
- pension d’invalidité,
- appui pour conserver son emploi grâce à des dispositifs adaptés.
On avance par étapes, parfois au ralenti, mais il existe heureusement des ressources pour accompagner ceux qu’une arthrose handicapante éloignerait sinon trop vite du monde du travail.
Arthrose et maladie professionnelle : dans quels cas la reconnaissance est-elle possible ?
En Belgique, voir l’arthrose qualifiée comme maladie professionnelle reste très peu fréquent, sans être complètement hors de portée. L’argument majeur reste la capacité à prouver le lien direct entre les gestes professionnels répétés et l’apparition de l’atteinte articulaire. Certains métiers sont en première ligne : travailleurs du bâtiment, agents de nettoyage, tous ceux soumis à des contraintes physiques répétées ou des vibrations. Lorsqu’une articulation flanche, la médecine du travail peut parfois établir l’origine professionnelle.
La demande de reconnaissance doit être complète et argumentée. Les organismes compétents scrutent les avis médicaux, le parcours professionnel, la nature des gestes quotidiens, la durée d’exposition. Les preuves objectives pèsent lourd : imagerie, expertises, antériorité médicale. Les dossiers acceptés portent en général sur les genoux, hanches, ou articulations des mains, particulièrement chez les professionnels exposés pendant des années.
Un autre point de vigilance : ce n’est pas parce que l’arthrose limite la capacité de travail que la maladie sera reconnue d’origine professionnelle. Certaines démarches relèvent d’une reconnaissance d’invalidité au sens social, d’autres d’un statut de maladie professionnelle. Mieux vaut connaître cette distinction pour orienter ses démarches et éviter les impasses administratives. Pour l’arthrose d’origine professionnelle, la charge de la preuve pèse toujours sur la personne concernée.
Les démarches à suivre pour obtenir la reconnaissance et une indemnisation
S’engager dans une procédure de reconnaissance d’invalidité avec une arthrose passe d’abord par un rendez-vous avec son médecin traitant. Ce dernier établit un rapport détaillé : degré de douleur, raideur, mobilité entravée. Ce certificat médical lance le dossier.
La suite demande de compiler tous les éléments utiles : bilans médicaux, comptes rendus spécialisés, avis du médecin du travail, parfois d’un ergothérapeute. Ce dossier part ensuite vers la sécurité sociale, ou l’organisme compétent, selon qu’il s’agit d’une pension d’invalidité ou d’une aide spécifique. En Belgique, la pension d’invalidité concerne les personnes dont la capacité de travail s’effondre d’au moins deux tiers.
Le médecin-conseil, missionné par la sécurité sociale, analyse le tout. Il peut solliciter des examens complémentaires, puis émettre une décision. Si la situation impose l’inaptitude ou oblige à demander un ajustement du poste, une attestation du médecin du travail prend alors toute sa valeur pour activer des solutions adaptées.
En cas de reconnaissance du handicap, plusieurs dispositifs peuvent alors s’enclencher. Parmi les principaux, citons :
- la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), pour favoriser l’accès et le maintien dans l’emploi,
- l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) ou la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), pour épauler l’autonomie de la personne,
- la Pension d’invalidité, pour compenser la perte marquée de capacité professionnelle.
Faire aboutir un dossier demande rigueur et motivation. La commission compétente instruit les demandes et oriente vers les aides adaptées à chaque situation.
Quelles conséquences et quels soutiens pour les personnes touchées par une arthrose invalidante ?
L’arthrose qui progresse, notamment dans les genoux, les hanches ou la colonne vertébrale, bouleverse la routine des gestes quotidiens. La douleur se fait permanente, la raideur s’amplifie, la mobilité recule mois après mois. Peu à peu, des tâches les plus simples à celles du quotidien, tout peut devenir obstacle. Face à cette perte de capacités, la stabilité professionnelle s’effrite, contraignant à repenser son organisation, parfois son avenir professionnel dans sa globalité.
Mais il existe des leviers pour reprendre la main sur cette nouvelle réalité. Plusieurs dispositifs et possibilités s’offrent aux personnes concernées :
- réaménagement du poste : siège ergonomique, adaptation des horaires, réduction de la pénibilité,
- adoption du télétravail pour limiter les trajets et gérer l’endurance,
- reclassement professionnel, passant par un bilan de compétences ou l’accès à une formation si besoin,
- appareillage ou aides techniques (cannes, orthèses, fauteuils roulants…) pour préserver la mobilité,
- accompagnement personnalisé lors d’une reconversion ou d’une recherche d’emploi adaptée,
- soutiens financiers dédiés pour l’achat d’équipements spécialisés, y compris dans la fonction publique.
L’accompagnement ne s’arrête pas là : kinésithérapeutes ou ergothérapeutes contribuent à la rééducation, adaptent le domicile si nécessaire. Les associations de patients offrent, elles, écoute et partage de parcours. Dans les cas de handicap sévère, l’aide d’une tierce personne reste parfois le dernier rempart pour conserver un maximum d’indépendance dans la vie de tous les jours.
L’arthrose frappe sans calendrier, mais aucune personne touchée ne devrait être laissée sur le bord du chemin. Chaque réponse collective, chaque ajustement, rapproche un peu plus du jour où nul ne sera forcé de raccrocher avant l’heure.


